Fabriquez vous-même vos liqueurs

Guy Desaunay

Sommaire

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Les herbes               



                           Compost des bergers. Travaux de juillet. Gravure sur bois.
                                           Compost des bergiers. Travaux de juillet


Lettrine.e goût du miraculeux, si caractéristique des commentaires sur l'alccol, est tout aussi présent 1orsqu'i1 s'agit d'un autre ingrédient des liqueurs : les herbes. Dans ses Commentaires, MATTHIOLE écrit : "L'antiquitê a été tout étonnée des vertues de certaines herbes que les historiens de ce temps-là en écrivent des choses miraculeuses : comme XANTUS historien écrit au premier livre de son histoire qu'un dragon voyant un sien petit mort, l'a fait revivre par le moyen d'une certaine herbe. Par la même herbe, THILO tué par un dragon, il reprend vie. JUBA, roi de Mauritanie a écrit qu'un certain hom- me en Arabie par une herbe, a été rescussité de mort ä vie. DEMOCRITE et THEOPHASTE ont dit que l'oiseau nomé Pic fait sortir par une certaine herbe, un coin qu'on aurait fiché dedans ces trous qu'il fait dedans les arbres et que toutes choses s'ouvrent étant touché de l'herbe Aetropis en barbottant quelques chansons : ce que je ne trouve étrange. Car il me souvient qu'estant ã Venise, je vis un homme condamné à être pendu, auquel toutes les portes furent ouvertes et les serrures rompues, par 1'application d'une seul herbe avec quelques signacles. Il croît aux montaignes d'Italie une herbe presque de même vertue, sur laquelle si les chevaux marchent, incontinent les fers leur tombent". L'auteur continue une telle énumération de merveilles durant plusieurs pages.
Parrmi ces plantes, une, la mandragore, occupa une place particulière et nous la traitons donc à part.
Les connaissances botaniques de l'époque sont des plus réduites. L'on ne va pas sur le terrain herboriser puis décrire minutieusement les plantes cueillies. L'on se contente de recopier ce qu'ont écrit "les anciens", essentiellement des ouvrages de basse latinité. En voici un exemple, où l'auteur recopie les ouvrages de Dioscoride.

 
La dernière phrase est particulièrement savoureuse pour nous. L'on décrit une plante dont il est probable ou qu'elle n'existe pas ou qu'elle n'est pas identifiée. Cela fait furieusement penser à ces sociologuesde la fin du 19° siècle qui écrivent sur la" pensée sauvage" sans avoir jamais quitté le Quartier latin. Il faudra attendre la seconde moitié du 19° siècle pour que de savants auteurs tentent d'identifier botaniquement des plantes décrites par des auteurs latins

Les épices

Miniature. Les Rois mages.

Anciennement connues en Occident, sont les épices de l'ordre du   parfum,   l'encens, la myrrhe, qui figurent parmi les présents offerts par les Rois Mages en hommage à l'enfant Jésus.

Il faut attendre les grandes invasions européennes du XVI° siècle en Amérique et en Asie pour voir apparaître les épices de table comme le poivre, puis celles de la pâtisserie, cardamome, girofle, muscade, etc.

Honorius Philiponus. Nova typis transacta navigatio. Conquête de l'amérique.
 

On imagine mal, de nos jours, la pauvreté de goût de la nourriture au Moyen Age, où même le sel payait de lourds impôts, alors qu'il était un produit de première nécessité, puisque les aliments étaient essentiellement conservés par salage. Un mets épicé est un mets qui contient des épices, tout simplement.

Grâce à l'esclavage, puis au travail forcé, les coûts de production sont faibles, ce qui permet des bénéfices prodigieux pour les importateurs et des prix de vente au consommateur (très) relativement modérés.

Gravure. Le Tour du mondeVers 1880. Travail forcé.

Les liqueurs que nous connaissons naissent donc à l'époque des comptoirs coloniaux. Elles se sont néanmoins beaucoup transformées et surtout affinées depuis lors




 




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